mercredi 24 août 2022

Beach Read- Emily Henry

"That's the key to marriage. You have to keep falling in love with every new version of each other, and it's the best feeling in the whole world". 

Auteur: Emily Henry 

Genre: Roman 

Edition: Penguin Group 

Date de publication: 2020

Nombre de pages: 368

Synopsis: Ce livre raconte une histoire très originale. Une jeune femme de 29 ans du nom de "January" et un jeune homme de 29 ans du nom de "Augustus" sont deux écrivains qui se retrouvent un été dans la même ville et son liés par un même but, écrire un bestseller pour la rentrée. Ce que ces deux écrivains n'avaient pas prévus c'était de se rencontrer, une rencontre qui n'est pas réellement une rencontre étant donné qu'ils se connaissaient depuis bien longtemps. Cette rencontre va mener à une idée très spéciale, ils vont décider d'écrire chacun de leur côté un roman du style de l'autre, January, une romantique dans l'âme va donc se donner le défi d'écrire un roman plutôt réaliste sans une fin heureuse et Augustus, un réaliste qui ne crois pas aux fins heureuses se donne le défi d'écrire un roman romantique avec une fin heureuse. Pour relever ce défi, les deux écrivains vont organiser chacun à leur tour des rendez-vous afin d'apprendre à mieux connaitre l'autre, pour s'imprégner encore plus de son style d'écriture et de sa façon de voir les choses. 

Mon avis:

C'est un roman qui m'a été offert par mon amie qui est aussi une grande lectrice, Sara Kadi et je la remercie de ce cadeau. 

J'ai bien aimé ce livre. Je trouve que l'histoire est très originale. Le fait que les deux protagonistes se donnent le défi d'écrire un roman avec le style de l'autre est très intrigant. C'est un concept qui cache une petite morale, comme quoi, un auteur n'est pas obligé de rester cantonner à son style d'écriture, à son genre, à ce qu'il aime, il peut être emmener à explorer d'autres choses, d'autres univers et d'autres genres. 

Un auteur est donc complet. Il peut choisir de se cantonner à ce qu'il fait le mieux, écrire ce qu'il pense, ce qu'il aime mais il peut aussi choisir le risque, de sauter dans le vide pour explorer de nouveaux territoires inconnus, pour découvrir peut être une nouvelle façon de voir les choses et écrire différemment. 

Ce que j'ai bien aimé dans ce roman c'est aussi le changement de temps. L'alternance entre le présent et le passé. Ça pousse le lecteur à vouloir connaitre le pourquoi du comment. À mieux comprendre les personnages, leurs actes et leurs comportements, connaitre leur vécu pour mieux comprendre leur présent et moins les juger. 

L'alchimie entre les personnages est très belle et laisse le lecteur dans cette attente de connaitre la suite. 

Je trouve que ce roman est fait pour décompresser, pour le lire au bord de la plage comme le titre "Beach Read", c'est un roman qui n'est pas prise de tête, on passe un agréable moment à le lire et l'histoire d'amour qu'il met en scène pourrai plaire à de nombreuses âmes romantiques. 

FUN FACTS:

  • Beach Read est le bestseller de 2020 d'après le New York Times. 


samedi 20 août 2022

Oliver Twist-Charles Dickens

"Some people are nobody's enemies but their own, yer know".

"Such is the influence which the condition of our own thoughts, exercices even over the appearance of external objects. Men who look on nature, and their fellow-men, and cry that all is dark and gloomy, are in the right but the sombre colors are reflections from their own jaundiced eyes and hearts. The real hues are delicate, and need a clearer vision". 

Auteur: Charles Dickens

Genre: Roman

Edition: Collectable Classics Complete and Unabridged

Date de publication: 1837

Nombre de pages: 581

Synopsis: Ce livre raconte l'histoire ou plutôt les aventures d'un jeune orphelin de l'âge de 10 ans du nom d' "Oliver Twist". Cet orphelin a vécu pendant dix ans dans la misère dans un orphelinat de l'Angleterre Victorienne, mal nourri et exploité il est placé dans une entreprise de pompes funèbres où il ne connaitra que privations. Ce qui le poussa un jour à s'enfuir vers Londres. Affamé et épuisé il est recueilli par une bande de voleurs qui le poussera à voler et à devenir un vrai bandit. Arrêté pour une tentative de vol qu'il n'a pas commis il tombe dans les grâces de M. Brownlow, celui qui s'est fait volé. Toutes les aventures d'Oliver Twist mèneront à un événement précis, un dénouement, celui de la vérité sur son histoire, sur ses parents et sur sa vie. 

Mon avis:

J'ai beaucoup aimé ce roman. Je trouve que Charles Dickens fait partie des auteurs qui écrivent le mieux. Il possède deux attributs qui font de lui un auteur aussi célèbre. C'est un auteur qui manie parfaitement bien l'art de l'écriture. Il a sont style particulier et il décrit les choses avec une profondeur et une sincérité étonnante et c'est un auteur qui utilise son talent au service des hommes en cloturant ses romans toujours avec une morale. 

Oliver Twist est non seulement un roman qui tourne autour des aventures d'un orphelin mais c'est aussi un roman qui nous montre la cruauté de la pauvreté, comment la misère conduit au mal et comment la soif de l'argent et de la richesse conduit aux pires atrocités. 

Ce que j'ai aimé dans ce roman c'est la diversité des intrigues et des histoires. Le lecteur suit tout le cheminement des aventures d'Oliver. Que ce soit dans l'orphelinat, à Londres, dans la demeure des bandits, dans la demeure de ses bienfaiteurs. À chaque nouvel obstacle on apprend une nouvelle sur l'histoire d'Oliver et sur sa famille. Ce roman est donc comme un roman policier, le but est de savoir pourquoi Oliver est poursuivit, pourquoi il a été abandonné et pourquoi il suscite l'intérêt des bandits. 

J'ai beaucoup aimé la manière avec laquelle Charles Dickens décrit les personnages. C'est un effet immerssif que le lecteur subit. À chaque ligne, encore plus de détails sur le physique mais aussi sur la personnalité et les vices des personnages, ce qui permet au lecteur de se fondre encore plus dans l'histoire jusqu'à devenir un élément du décor, un élément du tableau qui reconstitue la vie d'Oliver Twist. 

C'est le lecteur qui est au courant avant Oliver de l'histoire de ce dernier. C'est le lecteur qui cherche à assembler les pièces du puzzle et qui cherche à comprendre d'où vient Oliver et pourquoi on le recherche. C'est comme une enquête, Oliver est le personnage principal, la victime, et le lecteur est l'assistant de l'enquêteur ou du détective. 

C'est un roman qui peut paraitre enfantin aux premiers abords, étant donné qu'il s'agit d'un roman qui met en relief les aventures d'un orphelin de l'âge de dix ans mais c'est bien plus que cela. C'est un roman qui regorge de leçons de vie, de belles phrases, de passages intéressants et philosophiques et qui cache en lui d'innombrables accusations et satyres de la société. 

FUN FACTS:

  • Pour écrire Oliver Twist, Charles Dickens s'est inspiré de sa propre vie. Il a utilisé les noms de deux personnes qui le harcelaient pendant son premier travail, "Bill" et "Fagin". 

  • Oliver Twist s'inspire de la vie de Charles Dickens. Lorsque son père a été en prison, Charles Dickens a dû travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. Une partie de son enfance lui a été volée. Il s'est retrouvé à travailler dans des conditions terribles, seul et exploité. 

  • Oliver Twist a été rédigé en réaction à une loi inhumaine votée à l'époque. "The Poor law", une loi qui a été votée par le Parlement en 1834, cette loi a détruit des familles, et a obligé les pauvres à vivre dans des maisons de travail et à subir des travaux forcés. 

  • Il y a eu une comédie musicale qui a ete crée en s'inspirant du roman "Oliver Twist" , une comédie musicale qui a eu beaucoup de succès et qui a ete joue en plus de 20 langues. 

  • La comédie musicale sortie en 1968 a gagné cinq Academy Awards dont "Best Picture". 




 

lundi 15 août 2022

The Bell Jar- Sylvia Plath

"I felt my lungs inflate with the onrush of scenery, air, mountains, trees, people. I thought, "This is what it is to be happy". 

Auteur: Sylvia Plath

Genre: Roman

Edition: Faber and Faber

Date de publication: 1963

Nombre de pages: 237

Synopsis: Ce livre raconte l'histoire d'une jeune femme "Esther Greenwood", qui a gagné un stage au sein d'un journal de mode à New York en 1953, elle pense qu'elle pourra grâce à cette opportunité devenir l'écrivaine qu'elle a toujours rêvée d'être. Cependant, lors de son introduction à la société, aux fêtes, aux cocktails, aux piles de manuscrits, elle va tomber, tomber, tomber, jusqu'à tomber en dépression. Une dépression qui la mènera à des tentatives de suicide. Ce personnage introverti ne va pas se sentir à sa place dans ce monde de manipulateurs et de superficiels. C'est un roman que Sylvia Plath a écrit juste avant sa mort. 

Mon avis:

Ça m'a pris du temps pour accrocher à l'histoire ou même pour être touchée par l'histoire de ce roman mais je l'ai beaucoup aimé. C'est un roman qui a eu un énorme succès suite à sa publication pour deux raisons essentielles. Tout d'abord, c'est un roman qui dépeint parfaitement bien la société américaine des années 1950. Cette société remplie de gens superficiels, arrogants, manipulateurs et opportunistes. Une société où il était difficile pour les femmes de faire leur place, de devenir quelqu'un et de réaliser quelque chose. 

De plus, ce roman est très apprécié par le public suite aux thématiques qu'il met en oeuvre. Notamment la thématique du suicide et de la dépression. Tout ce roman est inspiré partiellement de la vie de Sylvia Plath, elle montre donc à travers ce roman qu'elle n'a publié que quelques mois avant sa mort que la dépression est un vrai problème, un problème grave, une maladie dont il est très difficile de s'en sortir.

Sylvia Plath créé donc un personnage "Esther Greenwood" à son image. une jeune femme introvertie, talentueuse, pleine de promesses mais qui malheureusement se heurte aux mentalités patriarcales et conservatrices de son époque. Une femme talentueuse à cette époque n'avait pas sa place et n'avait pas le droit de briller. 

Ce que j'ai le plus aimé dans ce roman c'est surtout la manière avec laquelle il est écrit. À aucun moment je n'ai ressenti un jugement ou un avis apporté par l'auteur, à aucun moment les personnages jugent ou critiquent des événements qui se passent dans leur vie ou dans la société, c'est toujours très subtil, le lecteur le comprend par lui même et le juge par lui même. Il a le droit de juger le comportement d'Esther même si c'est le personnage principal, il a le droit d'analyser les comportements odieux des gens de la société et il a le droit d'interpréter l'oeuvre comme il l'entend. 

J'ai beaucoup apprécié aussi le fait que Syvia Plath contrôle très bien les ficelles de son roman, et les ficelles du lecteur, elle l'entraine au fur et à mesure là où elle veut qu'il arrive. Son but n'est pas de toucher le lecteur tout le long du roman mais de l'emmener à cette conclusion touchante, à cette derniere phrase qui résume le livre et qui veut tout dire. Elle mise donc sur le réalisme, le réalisme cru, le réalisme qui dégoûte parfois mais qui est nécessaire afin d'aborder au mieux des thématiques lourdes comme le suicide ou la dépression. C'est grâce à ce cheminement d'événements insignifiants parfois et à des éléments de la vie d'Esther que le lecteur comprend son mal être, il comprend sa dépression et sa solitude. Il comprend que c'est pour plein de raisons qu'Esther est devenue ce qu'elle est devenue, une coquille vide, un être malheureux et triste, fatigué de vivre. 

Je recommande ce roman à tout le monde, je trouve que c'est un roman essentiel qui nous permet de mieux comprendre la dépression et le suicide, d'une manière très subtile sans jamais rentrer dans tous les détails psychologiques. N'importe qui peut comprendre la difficulté de cette maladie et son caractère parfois fatal.

“I took a deep breath and listened to the old brag of my heart. I am, I am, I am.” 

FUN FACTS:

  • "The Bell Jar" n'a trouvé aucun éditeur de son temps. Il n'a été publié que trois ans après la mort de Sylvia Plath. 

  • "The Bell Jar" a été publié sous le pseudonyme de Sylvia Plath, "Victoria Lucas". La raison pour laquelle elle n'a pas publié son oeuvre son son vrai prénom c'est parce qu'elle ne voulait pas que sa famille soit affectée par cette publication étant donné que ce roman s'inspire partiellement de sa vie. 



samedi 6 août 2022

Le handicap comme moteur artistique

J'ai toujours voulu écrire un article sur le handicap des artistes. Je trouve fascinant le fait de voir le handicap comme un moteur alors que par définition le handicap est un problème moteur. L'art est donc une façon de rendre aux artistes handicapés leur vie "normale". 

Une belle manière de montrer que le handicap peut être une source de beauté et de création artistique. 

Je vais ainsi traiter le handicap dans deux domaines particuliers, d'un côté le handicap des auteurs et de l'autre le handicap des peintres. 

1- Le handicap des auteurs:

Emily Dickinson: 

Emily Dickinson est une poétesse qui a souffert toute sa vie de migraines terribles et de problèmes de vue. Certains même disent qu'elle souffrait d'épilepsie. Cette derniere est un exemple que le handicap est une source d'inspiration et de talent parce qu'elle a écrit un poème au sujet de son handicap, les migraines. 

I felt a Funeral, in my Brain,
And Mourners to and fro
Kept treading - treading - till it seemed
That Sense was breaking through -

And when they all were seated,
A Service, like a Drum -
Kept beating - beating - till I thought
My mind was going numb -

And then I heard them lift a Box
And creak across my Soul
With those same Boots of Lead, again,
Then Space - began to toll,

As all the Heavens were a Bell,
And Being, but an Ear,
And I, and Silence, some strange Race,
Wrecked, solitary, here -

And then a Plank in Reason, broke,
And I dropped down, and down -
And hit a World, at every plunge,
And Finished knowing - then -

Le simple titre de ce poème, "J'ai senti un enterrement dans ma tête" est très révélateur. Tout le long de ce  poème, Emily Dickinson décrit l'affreusité de son handicap, de sa maladie, mais ce qui est extrêmement fascinant c'est le fait qu'Emily décrit sa maladie de façon très esthétique, très belle, ca devient presque un euphémisme de ce qu'elle ressent. Elle rend sa maladie "belle" en quelque sorte même si les lignes de son poème veulent dire le contraire, liées ensemble, elle créent un sentiment d'impuissance, de désespoir, de tristesse mais un sentiment qui est beau malgré tout. Ainsi, pour Emily Dickinson, écrire était plus important que vivre et la maladie n'avait aucun impact sur ses poèmes, sur son art, au contraire c'était une source d'inspiration pour son art, un moyen de pousser jusqu'au fond d'elle-même pour en ressortir des sentiments de douleur, de colère, d'impuissance. 

Emily Dickinson est la preuve que souffrir d'un handicap est certes terrible au quotidien mais il peut aussi servir à developper ses capacités intellectuelles, artistiques pour créer de la beauté autour de soi et s'auto-convaincre que ce n'est pas aussi grave que ça en a l'air. Emily estimait que tant que son handicap n'atteignait pas son écriture et sa capacité à écrire et à produire des oeuvres d'art, elle n'y prêtait pas attention et le voyait positivement au lieu de s'arrêter au fait accomplit et de souffrir encore plus. 

Charles Baudelaire:

Baudelaire est un autre exemple que le handicap peut être une source d'inspiration. Ce dernier souffrait de deux graves problèmes, il souffrait d'une dépendance à l'opium et d'un trouble mental "la bipolarité". Cependant, malgré le fait que dans notre vie de tous les jours nous avons tendance à croire que ces deux problèmes sont des "malédictions". Pour Baudelaire, ces deux problèmes étaient ses "muses". En effet, sa bipolarité et sa dépendance à l'opium laissaient place à sa créativité et à son génie. De nouvelles portes artistiques s'ouvraient à lui lorsqu'il consommait cette drogue et son trouble bipolaire l'aidait à voir le monde différemment en fonction de son état d'esprit, s'il était triste, il exprimait dans ses écrits sa tristesse et s'il était heureux, il exprimait dans ses écrits sa joie. Mais cette bipolarité le poussait à aller dans deux extrêmes l'extrême tristesse ou bien l'extrême joie ce qui mettait encore plus en valeur ses ressentis et lui permettait de mettre sur papiers ces élans temporaires mais intenses d'émotions aussi fortes les unes que les autres. 

2- Le handicap des peintres:

Frida Kahlo:

Frida Kahlo est l'exemple même que le handicap est une source d'inspiration, plus que ça un défi à relever et une manière de voir les choses. Toute sa vie Frida Kahlo a souffert de la maladie "poliomyélite", elle était à moitié paralysée et bien qu'elle soit paralysée physiquement ça ne l'a pas paralysé de se remettre à la peinture. 

Elle s'est battue chaque jour pour peindre et pour exprimer son handicap à travers ses tableaux, elle n'a jamais eu honte de son handicap, au contraire elle a choisi de l'exprimer dans ses oeuvres, dans ses tableaux, d'en faire sa force et sa particularité. Frida Kahlo était donc une artiste qui représentait son handicap comme un cadeau plutôt qu'une fatalité. 

Frida Kahlo exprimait son mal-être dans ses oeuvres, la peinture fut sa bouée de sauvetage, son exutoire. 

Elle affirmait même que "On me présentait comme une surréaliste, mais je ne l'étais pas. Je n'ai jamais peint de rêves, j'ai peint ma réalité". 

Cette dernière a même peint un tableau représentant son accident de bus, un drame qui l'a détruite physiquement et moralement, un drame qui ne l'a pas laissé indemne. Dans le tableau "La colonne brisée" (1944), Frida se représente le corps perforé de clous, la colonne vertébrale apparente. Ainsi, le désert derrière elle ne peut représenter que la solitude qui l'entourait suite à cet accident, cette douleur et cette souffrance très vaste qui l'empêchait d'être libre comme elle le voulait, comme elle en avait toujours rêvé. Frida Kahlo ne pouvait partager sa souffrance physique qu'à travers ses oeuvres, ainsi, grâce à son talent, elle était moins seule, elle arrivait à communiquer sa détresse aux gens à travers ses peintures, le plus souvent des autoportraits.



Claude Monet:

Claude Monet est un artiste qui vers la fin de sa vie a eu un très grand handicap. Il a eu des problèmes de vue, une maladie qui s'appelle la cataracte. Suite à cette maladie, Monet a été contraint de se replier chez lui, dans sa maison à Giverny, il ne voyait plus très bien les couleurs et c'est grâce à ce handicap que Moent a peint ses plus belles oeuvres d'art, les nymphéas sont un produit de ce handicap. Ainsi, avec Monet, son handicap a été une source artistique, une inspiration, un moyen de voir différemment ce qu'il ne pouvait pas voir. L'artiste est avant tout artiste parce qu'il voit le monde différemment, il s'approprie les choses réelles à sa manière et reconstruit toutes les choses qui existent. Ainsi, Monet grâce à son handicap s'est encore plus rapproché de cette vision de l'artiste. 

"Je vois bleu, je ne vois plus le rouge, je ne vois plus le jaune, ça m'embête terriblement parce que je sais que ces couleurs existent, parce que je sais que sur ma palette, il y a du rouge, du jaune, il y a un vert spécial il y a un certain violet, je ne les vois plus comme je les voyais dans le temps, et pourtant je me rappelle très bien les couleurs que ça donnait".


                                                     Avant la cataracte (le bassin aux nymphéas) 


Après la cataracte (le bassin aux nymphéas)






mardi 2 août 2022

Les Livres ou la Vie?

Je trouve très intéressant le fait d'analyser le style d'écriture d'un écrivain mais je trouve encore plus intéressant le fait de s'intéresser au lieu d'écriture, à l'environnement de l'écrivain. 

En effet, au fur et à mesure de mes lectures, je me suis attardée sur la vie des écrivains et sur leur mode de vie. Je me suis particulièrement intéressée aux lieux d'écriture et j'ai remarqué que la plupart des mes auteurs préférés aimaient écrire dans un espace clos, un espace fermé, ayant comme seule compagnie leurs papiers, vivant ainsi dans un univers de papiers pendant des mois. Une rupture brutale avec la réalité et avec le monde extérieur. 

C'est pour cela que j'ai choisi de vous parler de quatre écrivains qui se cloitraient dans leur chambre jour et nuit afin de produire des oeuvres d'art. Des oeuvres d'art qui ont vu le jour dans un espace coupé du jour et de toute lumière, dans un espace fermé, clos, à l'image de la vie intérieure de chacun de ces auteurs. 

La vie intérieure d'Emily Dickinson:

Emily Dickinson est connue pour avoir vécu dans une maison de papier. Plus particulièrement, sa maison de papier. Une maison qui n'est que sa chambre, un espace clos. Enfermée entre quatre murs, assise sur sa chaise de bureau, Emily Dickinson a écrit toute sa vie des poèmes merveilleux, accompagnée uniquement de ses papiers et de sa plume. 

Cette poétesse a fait le choix de se retirer du monde, de la société pour se consacrer pleinement à son art et pour laisser s'exprimer sa vie intérieure, sans être déstabilisée et distraite par la vie extérieure.

Dominique Fortier a très bien décrit cette situation, "Emily Dickinson a fait le choix de se réfugier dans un monde de papier pour créer et éprouver pleinement sa liberté". 

Ainsi, pour Emily Dickinson, la liberté n'était pas le monde extérieur et réel mais plutôt son monde à elle, le monde qu'elle s'est crée au fond d'elle et où elle se sent le plus libre possible. 

"Il faut mal connaitre Emily Dickinson pour s'imaginer la châtier en l'enfermant dans le silence seule avec ses papiers". 

"C'est seulement quand elle ferme derrière elle la porte de sa chambre et qu'elle entre dans le silence qu'Emily peut recommencer à entendre cette voix qui parle et ne parle pas, au creux de sa tête". 

"Il y a longtemps qu'elle habite sa maison de papier. On ne peut pas avoir à la fois la vie et les livres, à moins de choisir les livres une fois pour toute et d'y coucher sa vie". 



La vie intérieure de Virginia Woolf:

Virginia Woolf est un autre exemple de ce dualisme entre l'écriture et l'espace où voit le jour l'écriture. En effet, Virginia Woolf vivait dans une très belle maison, entourée d'un jardin, mais cette beauté extérieure ne lui permettait pas d'exprimer pleinement son art. Pour que son génie intérieur fasse surface, il fallait qu'elle s'enferme dans son bureau, une chambre composée d'une bibliothèque, d'un bureau et d'un fauteuil où elle écrivait pendant des jours et des nuits quand l'inspiration lui venait. 

Elle ne comptait plus les jours, plus les heures, plus les minutes, elle était enfermée dans son être, dans son imaginaire. Virginia Woolf utilisait ses ressentis pour créer des oeuvres d'art et toucher des millions de personnes et elle n'a pu le faire qu'en vivant plein de choses à l'extérieur, en observant la société et les personnes qui l'entourait. Mais si ses oeuvres ont eu tellement de succès par la suite c'est surtout grâce au fait qu'elle s'y est consacré jours et nuits et qu'elle a donné tout son être pour le faire, elle n'a été distraite par aucune force extérieure, que ce soit son mari, les paysages, les habitants de la ville, elle était seule, seule avec elle même et donc seule avec son écriture, sa source de vie. 



La vie intérieure de Victor Hugo:

Être reclus, c'est "prendre congé du monde". En effet, Victor Hugo vers la fin de sa vie s'est volontairement isolé du monde qui l'entourait. Fatigué de tant de douleurs physiques et émotionnelles, suite au décès de sa fille Léopoldine, une mort tragique qui l'a poursuivit toute sa vie. En visitant sa maison, j'ai compris que contrairement aux autres auteurs que j'ai cité dans cet article, Victor Hugo n'avait pas choisi d'être reclus, il l'était devenu. 

Ne supportant plus les drames de sa vie, notamment la mort de ses autres enfants, il a choisi de vivre reclus dans sa maison, coupé du monde, coupé de tout ce qui était réel pour se consacrer pleinement à l'écriture, le seul moyen qu'il avait de faire revivre ses enfants, ses souvenirs et sa joie. 

L'écriture a été un moyen pour lui de noyer sa peine, sa souffrance, sa tristesse et c'est aussi grâce à ce désespoir que Victor Hugo est l'un des plus grands auteurs de notre temps. 



La vie intérieure de Sylvia Plath:

Cet auteur a pris exemple sur Emily Dickinson. Pour elle, Emily Dickinson était un modèle, une inspiration, une source d'admiration. Ainsi, comme elle, elle voua sa vie à son art, "l'écriture". Elle s'est volontairement isolée dans la maison de son père, un notable d'Amherst en Nouvelle-Angleterre. 

Patricia Godi décrit très bien l'univers de papier qui entourait cet auteur, "L'écriture pour elle est une nécessité, et elle procure à son auteur le sentiment d'être un "petit dieu" qui recrée le monde d'après ses propres plans. Sa vie est tendue vers l'écriture et Sylvia Plath ne conçoit que de créer, elle est habitée par des forces physiques, intellectuelles et émotionnelles qui doivent nécessairement trouver une issue au risque de se retourner contre elle et de la détruire". 

Je trouve que Patricia Godi a très bien cerné le but de cet isolement des auteurs, notamment de Sylvia Plath. Les génies d'écriture, les créatures de papiers, sont des êtres particuliers, uniques qui ont besoin d'exprimer leur génie intérieur qui n'est que leur monde intérieur. Ils ont besoin de créer des histoires, des romans à partir de leur essence, de leur être, de leur vécu et de leur ressenti. Ces derniers subissent l'écriture malgré le fait que cette dernière reste le seul moyen qui les laissent en vie. Ils sont habités par des forces physiques, intellectuelles et émotionnelles. Ils ont besoin de relâcher tout ça en mettant à l'écrit tout ce qu'ils ressentent. Mais l'écriture est aussi une source de destruction, et cet isolement a porté préjudice à Sylvia Plath qui est devenue dépressive et qui a tenté plusieurs fois de se suicider jusqu'à y parvenir en mettant sa tête dans un four.