samedi 27 mai 2023

Madame Bovary- Gustave Flaubert

 " Pourquoi déclamer contre les passions? Ne sont-elles pas la seule belle chose qu'il y ai sur la terre, la source de l'héroïsme, de l'enthousiasme, de la poésie, de la musique, des arts, de tout enfin?" 

Auteur: Gustave Flaubert

Genre: Roman 

Edition: Pocket

Date de publication: 1856

Nombre de pages: 445

Synopsis: Ce roman raconte l'histoire d'Emma Bovary, épouse de Charles Bovary, un médecin de province. Cette dernière au fur et à mesure des années va céder au charme de la démesure. Elle enchainera les adultères, accumulera les dettes et s'affligera de chagrins d'amour. Insatiable, Emma Bovary ne réalisera que trop tard le danger des excès, le voile de l'illusion tombant au fur et à mesure de ses erreurs, de ses déceptions et de ses désillusions. 


Mon avis:

J'ai toujours voulu lire ce roman. Il est vrai que j'avais lu quelques extraits plus jeune, à l'école mais j'avais toujours gardé en moi le désir de découvrir cette oeuvre de la littérature et de le comprendre. Je suis très heureuse de l'avoir lu à un âge plus avancé. En étant plus mature et consciente de certaines choses. Si je l'avais lu plus jeune je serais passée à côté de certaines choses et je n'aurai pas compris ni le désespoir profond des personnages ni la complexité des sentiments et des émotions humaines décrites dans ce roman. 

Flaubert met en relief dans ce roman des personnages qui incarnent des stéréotypes de la société du 19ème siècle. Que ce soit Emma Bovary, une âme sensible, romantique, une femme insatisfaite et se complaisant dans la désillusion ou encore Charles Bovary, un médecin médiocre, se complaisant dans son manque d'ambition, satisfait de sa vie banale et spectateur de sa vie, se laissant dicter par les femmes qui l'entourent, sa mère et Emma Bovary. 

Ce qui est intéressant avec le personnage d'Emma c'est qu'elle n'est décrite qu'à travers le regard des personnes qui l'entourent. Cette dernière est à la recherche constante d'un bonheur idéalisé. A force de vivre des désillusions, Emma réalise qu'elle préfère vivre dans la fiction et dans son imagination plutôt que d'affronter sa triste réalité. Emma ne se voit pas telle qu'elle est mais telle qu'elle voudrait être et c'est cette vision d'elle même qui va l'emmener à sa perte. Elle cherche à se voir et à se trouver dans le regard de ses amants et a toujours besoin de se sentir désirée et aimée. 

"Sa vie était froide comme un grenier dont la lucarne est au nord, et l'ennui, l'araignée silencieuse filait sa toile dans l'ombre à tous les coins de son coeur". 

De plus, Emma se lasse vite des choses. Elle passe d'un amant à l'autre, d'une dette à l'autre sans aucun état d'âme ou remord. Elle pense ressentir des émotions comme l'amour ou la passion mais c'est son imagination et ses rêves qui parlent et non pas son coeur. Elle a fini par croire à sa propre illusion. 

"L'amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache, les volontés comme des feuilles et emporte à l'abime le coeur entier"

Ce qui m'a marqué dans ce roman c'est le fait que Flaubert ayant vécu les mêmes désillusions que Madame Bovary se sert de sa plume pour guérir et se remettre de ses chagrins d'amour. Ainsi, au lieu d'agir lâchement comme Emma Bovary et de se voiler la face pour vivre dans un rêve éveillé, il choisit d'affronter les tristesses et désillusions de la vie avec sa plume afin de les rendre belles et artistiques. 

Ce roman est un soupir interminable du coeur. En effet, le lecteur au fil des pages ressent ce que peut ressentir Madame Bovary, cette espèce de lassitude continue de la vie. Cette dernière comme de nombreuses personnes a besoin de vivre à travers les autres et ne peut pas vivre pour elle même. C'est pour cela qu'à chaque fois qu'elle revenait à sa réalité, à la banalité de sa vie, elle ne se reconnaissait plus et tombait dans la déprime. 

Ce livre nous montre une fois de plus le côté ambivalent de la passion. En effet, d'un côté on peut voir que la passion sauve Emma de son quotidien malheureux et de son mari médiocre et inintéressant, elle peut grâce à la passion que lui donne ses amants prendre un nouveau souffle et vibrer. Cependant, c'est le côté destructeur de la passion qui va prendre le dessus menant Emma Bovary à un destin tragique, le fait de vouloir tout trop vite détruisant son âme, sa vie ainsi que la vie des personnes qui l'entourent notamment celles de son mari et de sa fille. 

Madame Bovary est égoïste et ne pense qu'à elle et à son bonheur. A aucun moment elle essaie de se mettre dans la peau des autres. Elle ne pense qu'à son propre plaisir. 

"Le dénigrement de ceux que nous aimons toujours nous en dégage quelque peu. Il ne faut pas toucher aux idoles: la dorure en reste aux mains". 

Ce que l'on retient de ce roman c'est que la passion n'est pas éternelle. Flaubert met en relief le caractère éphémère de la passion. Elle ne dure que l'espace d'un court instant. Son intensité justifiant son essoufflement. Quand cette passion retombe, il ne reste qu'une pluie tonitruante qui rend la réalité encore plus dure à accepter. 

" Et le charme de la nouveauté, peu à peu tombant comme un vêtement, laissait voir à nu l'éternelle monotonie de la passion, qui a toujours les mêmes formes et le même langage". 

" Son coeur, comme les gens qui ne peuvent endurer qu'une certaine dose de musique, s'assoupissait d'indifférence au vacarme d'un amour dont il ne distinguait plus les délicatesses".

FUN FACTS: 

  • Flaubert a affirmé " Madame Bovary c'est moi". Cette célèbre phrase veut dire que ce dernier a non seulement partagé le gout commun avec Madame Bovary pour la lecture et la rêverie mais qu'il a aussi ressenti les émois de la passion notamment pour Elisa Schlesinger ainsi qu'un profond dégout et ennui pour la société humaine se traduisant dans son style d'écriture par un pessimisme et une tristesse.