mardi 12 juillet 2022

Écrire comme un homme/ Écrire comme une femme

La femme et l'écriture jusqu'au 20ème siècle:

La femme avait-elle le droit à l'art? Avait-elle le droit d'être artiste? 

Pour beaucoup d'hommes, le droit à l'écriture ne leur revient qu'à eux. Pour eux, quand les femmes écrivent ce n'est pas de l'art ou ce ne sont pas des femmes, ce sont juste des femmes qui écrivent comme des hommes. 

On peut retrouver deux conceptions différentes vis à vis de la femme écrivain. 

Certains auteurs reprochent à la femme d'être naturellement douée d'une sensibilité qu'ils sont obligés d'apprendre sur le tard par eux mêmes mais ces derniers lui reconnaissent quand même son talent et ses qualités et d'autres auteurs considèrent que la femme n'a aucune place dans le monde de l'écriture étant donné qu'elle est trop sensible, qu'elle parle beaucoup trop et qu'elle n'a pas de style, le style étant la caractéristique des hommes écrivains. 

1- Les auteurs qui reconnaissent le talent d'écriture de la femme

Le docteur Cerise avait dit en 1845 que "la femme est naturellement artiste parce qu'elle est organisée pour sentir ce que l'homme est obligé d'apprendre". 

Les qualités reconnues à la femme écrivain:

  1. Elle a le talent de tout dire même les pensées les plus abstraites avec grâce. 
  2. Guidée par son instinct dans le choix des expressions, d'un seul mot elle fait jaillir les idées. 
  3. Les effets de son style sont d'autant plus puissant que la réflexion semble y prendre une moindre part. 
  4. Son éloquence est rapide, délicate, vivement nuancée, c'est le jeu de sa physionomie traduit en parole. 

2- Les auteurs qui ne reconnaissent pas le talent d'écriture de la femme 

De nombreux auteurs contestent ce qu'ils appellent "l'écriture féminine". Pour eux, lorsqu'ils ont sous les yeux des élégies, des odes ou des poèmes écrits par des femmes, il ne leur vient aucune pensée, la femme n'écrit pas de manière à blesser le coeur de son lecteur. 

Flaubert reproche d'ailleurs à Louise Cole d'écrire pour "se satisfaire le coeur" plus que "par l'attraction de l'art". Pour lui, la femme écrivain écrit plus pour déverser ses passions que pour l'art d'écrire. Elle fait plus attention à ce qu'elle écrit que la manière avec laquelle elle l'écrit. 

Pour Proudhon, "la femme auteur n'existe pas, c'est une contradiction, le rôle de la femme dans les lettres est le même que dans la manufacture, elle sert là où le génie n'est plus de service, comme une bouche ou une bobine". Ces mots sont très durs et dégradants pour les femmes écrivains étant donné que cet auteur les assimile à une espèce inférieure à l'homme. Pour lui, la femme qui écrit ne pourra jamais égaler le génie de l'homme. Elle n'est là que quand l'homme ne peut pas écrire ou quand l'homme n'écrira plus, comme un bouche trou. 

L'inspecteur général Jacquinet avait même dit qu' "en raison de leur tempérament d'esprit plus sensible et plus vif que fort, il est difficile aux femmes plus heureusement douées, d'arriver, dans le travail de la composition et du style, à ce parfait accord de raison et d'imagination, à cette intime et constante harmonie de la pensée et de l'expression, qui seuls ont les écrits excellents. Il n'a été donné qu'à un petit nombre d'entre elles et rarement dans des oeuvres de longue haleine, d'atteindre à la beauté sans tache, à cela sans nuages de la perfection classique". 

Buffon disait que "le style, c'est l'homme". Quand l'homme est une femme, le style c'est la femme avec ses qualités et ses défauts attendus. 

Ainsi, de nombreux auteurs ont mis en lumière les défauts de la femme écrivain ou plutôt de "l'écriture féminine". 

  1. Un style diffus
  2. Une abondance de mots et de phrases qui rappelle le flux de la conversation, le génie du bavardage. 
  3. La passion de l'écriture prime sur la raison et l'expression. 
  4. Pas de style, le style étant une caractéristique propre à l'homme. 

Je suis choquée par les affirmations des écrivains sur l'écriture des femmes. Par exemple, Barbey d'Aurevilly avait dit que "les femmes peuvent être et ont été des poètes, des écrivains et des artistes, mais elles ont été des poètes femmes, des écrivains femmes, des artistes femmes. Étudiez leurs oeuvres ouvrez les au hasard à la dixième ligne, et sans savoir de qui elles sont, vous êtes prévenus, vous sentez la femme: odor di femina". 

Pour cet auteur, la femme écrivain sera éternellement qualifiée comme étant une "femme écrivain" plutôt qu'un "écrivain". Elle sera toujours définie par son sexe. Mais est-ce que c'est le sexe qui détermine le talent d'un auteur? Est-ce que c'est le sexe qui détermine si l'oeuvre va être un chef d'oeuvre ou pas? C'est une vision très sexiste de la femme écrivain. 

Jean Larnax affirmait "elles ne sont à l'aise que dans la liberté. Dès qu'elles ne laissent plus libre cours à leur inspiration, elles perdent leurs ailes". Ainsi, pour lui, la femme écrivain n'est pas aussi douée que l'homme et n'a pas le "style" d'écriture étant donne qu'elle ne se sent pas limitée et encadrée par les règles de l'écriture et les normes d'écriture. Elle écrit comme elle veut, comme elle le sent. Or, c'est beau d'avoir de l'inspiration mais l'inspiration à elle seule ne suffit pas, pour écrire un bon roman il faut aussi le style. 

Y a-t-il une écriture féminine?

Il existe un grand malentendu de la littérature féminine. En effet, les livres de femmes sont rapidement considérés comme des ouvrages de bonnes femmes. Prenons l'exemple, de Gone with the Wind de Margaret Mitchell, un des romans les plus vendus dans le monde. Ce roman apparait rarement dans la liste des livres de chevet masculins alors qu'il reste l'un des romans préférés des femmes. 

Ainsi, il existe quand même une spécificité féminine non pas tant dans l'écriture que dans les thèmes et la manière de les aborder. Par exemple, dans le livre Journal d'Hannah écrit par Louise Lambrichs, comment imaginer que l'histoire d'Hannah obligée d'avorter et qui rêve du bébé qu'elle n'aura jamais ait été écrite par un homme? Cependant, l'auteur de ce roman rappelle le caractère universel de l'écriture en disant "mais elle ne l'aurait peut être pas été par une autre femme non plus". Elle souligne ainsi l'aspect individuel plus que sexuel du thème. 

"Beaucoup d'hommes se sont identifiés à mon personnage. et jamais, en écrivant, je n'ai eu l'impression de m'adresser aux femmes". 

De nombreuses romancières contemporaines refusent cette étiquette d'écriture féminine. "Si l'on regarde l'histoire, le roman a été inventé par les femmes, parce qu'elles n'avaient pas accès aux genres nobles. On leur interdisait l'éducation, la poésie... c'est ainsi que la princesse de Clèves de Mme de La Fayette est considérée comme le premier roman psychologique moderne. Mais on aborde pas de la même manière un livre signé par un homme ou par une femme. Il subsiste un conditionnement sociologique". 

Irène Frain affirme même qu'elle aurait bien aimé prendre un pseudonyme d'homme, "Je suis sûre que l'on ne m'aurait pas lue de la même façon". 

À ses yeux, l'écriture dite féminine est associée au sentimentalisme dans le mauvais sens du terme. 

Cependant, l'auteur de l'homme fatal (Fayard) pense que les romancières sont plus proches du quotidien que les hommes. "C'est dans l'infiniment petit que nous décelons l'infiniment grand, autrement dit nos problèmes de sociétés". 

Claude Sarraute pense qu'il n'y a pas d'écriture différente mais des sujets divergents. 

Enfin, il ne faut pas nier que la littérature n'est pas une question de sexe. Ce n'est pas parce que c'est un homme qui écrit, qu'il écrit comme un homme devrait écrire et qu'il écrit pour des hommes et ce n'est pas parce que c'est une femme qui écrit qu'elle écrit comme une femme devrait écrire et qu'elle écrit pour les femmes uniquement. 

L'écriture est universelle, elle ne rentre pas dans une catégorie. Il y a des sujets différents, des approches différentes, des histoires différentes et des styles différents mais ça reste quand même de l'écriture et le fait de savoir si c'est un roman digne d'être qualifié de chef d'oeuvre ne relève pas du sexe de la personne qui l'a écrit mais plutôt de la manière avec laquelle il a été écrit. 

C'est donc un jugement artistique et non pas de sexe. Pourquoi associer aussi des qualités d'écriture aux femmes et aux hommes ainsi que des défauts? Pourquoi séparer l'écriture en deux? L'homme comme la femme peuvent écrire des romans en utilisant leur côté féminin ou masculin. Ainsi, un homme qui veut écrire un roman peut faire appel à la part féminine de sa personnalité pour décrire des sentiments relatifs à une héroïne de son roman. Pourquoi toujours voir les choses en noir et blanc, il existe aussi cet intermédiaire entre les deux, le gris, où l'écrivain est écrivain avant d'être un homme ou une femme, c'est une vocation avant d'être un métier. C'est un plaisir commun aux hommes et aux femmes, ce n'est la propriété ni des hommes ni des femmes. 


lundi 11 juillet 2022

Les Mémoires d'Outre-Tombe de Chateaubriand (Tome 1)

"La plupart de mes sentiments sont demeurés au fond de mon âme, ou ne se sont montrés dans mes ouvrages que comme appliqués à des êtres imaginaires. aujourd'hui que je regrette encore mes chimères sans les poursuivre, je veux remonter le penchant de mes belles années: ces mémoires seront un temple de la mort élevé à la clarté de mes souvenirs". 

Auteur: François-René de Chateaubriand 

Genre: Roman autobiographique 

Edition: Le livre de Poche

Date de publication: 1849

Nombre de pages: 686

Synopsis: Cette premiere partie des Mémoires d'Outre-Tombe comprend les années de jeunesse depuis la naissance de l'auteur (1768) jusqu'à son retour de l'émigration (1800). Elle dépeint la premiere enfance de Chateaubriand, sa famille, sa vie à Saint-Malo et à Combourg, son séjour au collèges de Dol et de Rennes, puis à Brest pour subir l'examen de garde-marine. Ces souvenirs d'enfance sont les souvenirs préférés de sa vie parce que ce sont ceux où il reconnait l'éveil de sa sensibilité et de son génie. 


Mon avis:

J'ai découvert ce merveilleux roman grâce à mon très cher ami, Jacques de Crécy, un passionné de littérature. Il a vu en Chateaubriand une source d'inspiration et de réconfort. Je lui en serai éternellement reconnaissante de m'avoir introduite à ce si grand auteur. 

Cet article est écrit en collaboration avec Jacques de Crécy. 

Ce roman est un réel coup de coeur. Cette lecture était mon premier contact avec le grand Chateaubriand et je peux vous assurer que c'est un contact qui m'a laissé des traces. On dit souvent de Chateaubriand que ses écrits embarquent les lecteurs dans des voyages, des voyages où aucun lecteur ne reviendra indemne. 

"Les Mémoires d'Outre-Tombe" comme son nom l'indique a été publié outre-tombe, après la mort de Chateaubriand. 

Ce qui m'a fasciné chez Chateaubriand c'est qu'il a fait des "Mémoires d'Outre-Tombe" un cri de l'âme. Il en a fait sa raison d'être et la quête de son identité. À travers ces mémoires, il a voulu laisser une trace indélébile de lui dans le monde mais il a voulut aussi montrer aux lecteurs la France de son époque, l'Europe de son époque et l'Amérique de son époque. Il veut montrer au lecteur l'époque dans laquelle il vivait. Cette époque qui a été marquée par de nombreux événements historiques. 

Chateaubriand est avant tout un "poète du souvenir". À travers ce tome 1 des Mémoires d'Outre-Tombe il fait le récit de son enfance et de sa jeunesse. Des moments de sa vie qui l'ont marqué à jamais parce que c'est à cette époque qu'il a ressenti son amour pour l'écriture et qu'il a comprit qu'il avait une mission dans ce monde, la mission de faire voire aux autres ce qu'il arrivait à voir, à faire comprendre aux autres ce qu'il comprenait. Il utilisait donc l'encre et la plume comme moyens de faire découvrir aux hommes le monde qui les entourait, de les éveiller et de les enchanter. 

Chateaubriand est aussi un "enchanteur" tel était son surnom. Un enchanteur qui laisse sur son passage de l'émerveillement. Mais qu'est-ce qu'un émerveillement? C'est le fait d'être ébahie par tant de beauté et par tant de talent. Chateaubriand combinait le génie et le talent. C'était un écrivain, précurseur du mouvement romantique qui utilisait son art pour toucher les gens et pour montrer au grand jour qu'il n'avait pas à avoir honte de ses sentiments et que le fait d'exprimer ses sentiments à l'écrit était une force et un moyen d'universaliser tous ces sentiments communs qui unissent les hommes. Après tout, l'humanité partage des sentiments communs, que ce soit l'amour, la peur, la tristesse, l'angoisse, la colère, la déception et la passion.

Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce roman c'est l'étendue des récits de Chateaubriand. En effet, ce dernier décide de partager au lecteur plein d'évènements marquants de sa vie. Il décide même de raconter des épisodes de sa vie qui peuvent paraitre sans intérêt ou inutiles uniquement parce que ce sont des événements qui l'ont poussé à être qui il était, ce sont des événements qui ont participé à sa construction humaine et à sa construction littéraire. 

Ce que j'aime le plus chez Chateaubriand c'est le lien indéfectible qu'il nouait avec sa ville natale, Saint-Malo. La ville de son enfance. Une ville qu'il a connut le jour de sa naissance en 1768 et qu'il a quitté le jour de sa mort en 1848. Cet auteur est né à Saint-Malo et il a décidé d'y rester pour toujours. C'est ce qui est le plus touchant chez Chateaubriand, c'est un auteur qui n'oublie pas les paysages de son enfance. 

C'est un auteur qui a choisi de mourir à Saint-Malo, il a choisit de mourir là où il est nait et qu'il y a t-il de plus beau que de retourner aux débuts de sa création. Pour moi Chateaubriand en prenant la décision de reposer à Saint-Malo a choisi de rester à jamais dans son enfance, une époque qui l'a marqué et qui a aussi contribué à son désespoir et à sa nostalgie. En effet, Chateaubriand n'a cessé de pleurer la beauté de son enfance. Sur ses joues, coulaient au fil du temps des larmes de mélancolie et de nostalgie d'une enfance perdue à jamais ou qu'il croyait perdue à jamais mais qu'il retrouvera à son décès, enterré dans la tombe à Saint-Malo.

Ce qui m'a marqué aussi dans ce roman c'est la spiritualité qui s'en dégage. Il y a bien sûr la fameuse phrase "j'ai pleuré, donc j'ai cru" qui marque un tournant dans la vie de Chateaubriand. Ce dernier est donc passé d'athée à croyant pratiquant suite à la mort de sa mère. Ainsi, pour lui, la mort d'un être cher a suffit à lui faire prendre conscience de l'importance de croire en quelque chose de plus grand que nous, de croire en quelque chose qui nous dépasse parce que la vie nous dépasse en permanence. On ne sait jamais de quoi demain est fait. Le fait de croire en quelqu'un ou en quelque chose qui nous dépasse mais qui est une garantie, une sécurité, de notre vie future après la mort est un éternel confort et une source de réconfort qui réchauffe le coeur et l'âme perdue mais retrouvée grâce à la foi.

L'avis de Jacques de Crécy:

La fascination qu’a suscité Chateaubriand de son vivant et qu’il suscite encore aujourd’hui s’explique avant tout par sa vie hors norme. Tour à tour voyageur, explorateur écrivain, poète, soldat, historien, journaliste, ambassadeur, ministre, sa personnalité comporte plusieurs facettes qui lui ont permis de comprendre et de voir le monde comme personne avant lui n’avait su le faire.

Témoin privilégié de cette époque charnière et formidable qu’est la fin du XVIIIème siècle et l’avènement du XIX, avec ses « Mémoires d’Outre-Tombe » il défie pour nous le dieu Chronos, et l’enfer. Il remonte le temps pour faire ressurgir de la mémoire humaine une époque disparue et les morts qui la peuple. 

Après son évocation pleine de nostalgie de sa Bretagne natale, pétrie de traditions, pieuse, et  à l’ordre sociale multiséculaire immuable, et son récit horrifié et traumatisé de la Révolution française à Paris et sa rencontre et son mariage avec sa femme que  l’écrivain nous emmène avec lui dans son périple américain.  C’est en effet la jeune nation américaine que ce jeune immigré choisit comme terre d’exil. Le jeune homme fait un portrait saisissant de cette Amérique qui n’est pas tout à fait encore l’Amérique mais qui déjà est l’objet de grandes espérances. Notre jeune ami a comme ambition de trouver un passage entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique et sillonne dans ce but l’ensemble du continent. Il chante l’extraordinaire vent de liberté qui y souffle, lui fervent royaliste s’émerveille des succès de la démocratie américaine.

C’est dans ces paradoxes que réside le génie de Chateaubriand, loin de s’enfermer dans une vision subjective et biaisée des choses il est même capable de s’en affranchir. Par cette indépendance d’esprit il sera un homme politique formidable et visionnaire. Ainsi presqu’un siècle avant il pointe du doigts les trop grandes disparités qui existent entre le Etats du sud et du nord des Etats Unis et met en garde contre les risques de sécessions. Alors même que les Etats Unis ne font pas encore ¼ de leur surface actuelle !

Il nous dépeint également les tribus indiennes d’alors fait état des profonds liens qui unissent ces tribus et la France depuis la nouvelle France. Chateaubriand vit au milieu des Indiens et connait même des histoires d’amour avec certaines indiennes. Il atteint ainsi en compagnie d’une tribu les chutes du Niagara où il failli tomber. C’est de ces premières aventures que naquirent dans l’esprit de Chateaubriand ses premiers écrits René et Atala ou le génie du Christianisme.

N'ayant pas trouvé pas son passage et presque sans le sou, Chateaubriand rejoint la communauté d’immigrés français qui s’est formé en Angleterre. Ses années passées à Londres nous sont décrites comme étant miséreuses, toute l’aristocratie français en effet e vit à Londres pour la plupart dans le plus grand dénuement. Le jeune breton nous raconte combien il a souffert de la faim et du froid mais nous fait part également de son amour de l’Angleterre qui n’est pas sans lui rappeler cette France prérévolutionnaire. Il met en parallèle ce premier séjour avec son deuxième qu’il effectue cette fois en tant qu’ambassadeur et nous montre combien ces conditions de vie étaient dures. Il aborde toutefois cette période de sa vie avec beaucoup d’humour voire de sarcasme riant de son infortune et de celle de ses compagnons.

La puissance de Chateaubriand réside dans cette capacité d’être tantôt rêveur pragmatique, courageux, lâche, sinistre, drôle, magnifique, ridicule, orgueilleux, modeste d’assumer ses qualités et défauts et même de l’insuffler tout le long de son récit et ainsi le faire vivre.

 

FUN FACTS:

  • La mort de Chateaubriand. Sur la tombe de Chateaubriand est écrit ce texte, ""Un grand écrivain français a voulu reposer ici pour n'y entendre que la mer et le vent, passant respecte sa dernière volonté". Ce texte met en relief le lien indéfectible que Chateaubriand nouait avec sa terre natale, Saint-Malo et avec la mer. On peut même faire un comparatif entre la tombe de Chateaubriand et sa personne. La tombe est solitaire, Chateaubriand est solitaire, elle a de la hauteur, Chateaubriand avait de la hauteur et elle regarde la mer, Chateaubriand est un marin. Flaubert lors de sa visite de la tombe de Chateaubriand ajoute qu' "il dormira là dessous, la tête tournée vers la mer". 

  • Chateaubriand rédige avant les mémoires d'Outre-Tombe des esquisses qui s'intitulaient "les mémoires de ma vie". 

  • Dans la bibliothèque de Chateaubriand se trouvaient des livres de tout genre, des livres de voyage, de théologie et des livres de l'antiquité romaine. 



dimanche 10 juillet 2022

Pourquoi lire les classiques?

 "Un classique est un livre qui n'a jamais fini de dire ce qu'il a à dire"-Italo Calvino

Avant de commencer cet article je tiens à rappeler ce qu'est un "classique". Un classique contrairement à ce que la majorité des personnes pensent n'est pas un livre vieillot oublié de tous. Un classique c'est un livre qui a fait carrière au fil des décennies et des siècles. Ça peut être un roman qui n'a jamais connu la célébrité de son temps mais à qui le poids des années a finalement rendu sa juste place. 

Comment j'ai commencé à lire des classiques?

Je tiens à l'avouer, j'ai toujours été une grande lectrice mais ce n'est que récemment que j'ai commencé à lire des classiques ou du moins prendre plaisir à lire des classiques. 

Quand j'étais plus jeune j'ai toujours aimé lire, que ce soit les livres obligatoires à l'école ou mes propres lectures personnelles qui se tournaient beaucoup plus vers la fiction et la romance. 

Je suis convaincue que la transition pour passer d'un lecteur de science fiction ou de livres romantiques ou d'adolescents à un lecteur de romans classiques est très difficile mais elle n'est pas impossible. Il faut un déclic et pour moi, ce déclic a été la lecture d'un classique "Terre des hommes" d'Antoine de Saint-Exupéry. C'est grâce à ce livre que je suis passée d'une lectrice normale à une lectrice passionnée et convulsive. À partir de ce moment là, j'ai réalisé à quel point j'avais mal jugé les classiques. 

En finissant "Terre des hommes", j'ai réalisé l'importance des classiques et à quel point un classique peut nous apporter des choses dans notre vie. J'avoue que j'ai toujours aimé lire les classiques recommandés à l'école mais je n;ai jamais franchi le pas de moi même je n'avais jamais acheté de classiques. Mais je pense en y réfléchissant que peut être que c'était mieux comme ça, le fait que ce déclic ait eu lieu à une période où j'étais beaucoup plus mature qu'à l'époque. Je suis convaincue qu'il y a certains romans à lire quand on est plus âgé, quand on est plus mature et quand on a vécu plus d'expériences. On les apprécie plus et c'est pour cela que le plus souvent les adultes relisent des classiques qu'ils avaient lu pendant leur jeunesse, pour lire entre les lignes et pour découvrir des choses qu'ils n'avaient pas remarquées auparavant. 

 


Pourquoi lire des classiques: (10 avantages)

1- Lire un classique nous pousse à réfléchir non pas uniquement sur l'époque dans laquelle il a été rédigé ou sur l'auteur qui l'a écrit mais aussi sur nous même et sur notre vie. 

Grâce à la lecture de classiques, on peut voir la vie différemment à travers les yeux d'un personnage auquel on s'identifie dans un roman par exemple. 

2- Lire un classique c'est profiter de belles phrases. 

Dans ma vie de tous les jours mais surtout lors de diners ou de conversations avec des amis cultivés, ça me sert beaucoup de sortir une phrase d'un roman qui m'a marqué en plein milieu de la conversation. J'aime beaucoup réécrire toutes les phrases qui m'ont marquées lors de mes lectures, comme ça elles resteront à jamais avec moi et elles seront gravées dans ma mémoire. 

3- Lire un classique est un pas en plus vers la construction de notre être. 

Si je lis des classiques c'est aussi et avant tout pour moi. Je trouve que la belle écriture se savoure et laisse des traces dans nos âmes. Pratiquement chaque classique que j'ai lu et que j'ai aimé m'a laissé une partie de lui dans mon âme qui se construit au fur et à mesure de mes lectures. 

Oui, c'est un art d'écrire, de savoir écrire magnifiquement bien mais c'est aussi un art de lire ces écrits avec un regard attentif, passionné et admiratif. C'est un art de trouver l'essence du roman, ce qui a fait sa beauté et d'essayer de comprendre ce qu'a voulu dire l'auteur. Donc lire un classique ce n'est pas seulement prendre du plaisir c'est aussi faire un effort de son côté, c'est d'essayer d'analyser ce qu'on lit, de voir ce que l'auteur n'a pas explicitement dit dans son roman, c'est lire dans les tournures de phrases les sentiments et les émotions de l'auteur et des personnages. 

Lire un classique c'est aussi interpréter ce classique et l'analyser. 

4- Lire un classique c'est apprécier autre chose que l'histoire racontée. 

Après avoir lu un classique, contrairement aux autres genres comme la romance ou les livres de science-fiction, on se souvient non seulement de l'histoire du roman mais aussi de tout ce qui a rendu cette histoire vivante et réelle. Comme le style d'écriture de l'auteur, les tournures de phrases, le message derrière ces romans, l'engagement de l'auteur et les leçons qu'on peut en tirer. 

5- Lire un classique c'est mettre nos pas dans les pas de ceux qui nous ont précédé. 

Suite à la lecture d'un classique, nous pouvons entendre, rencontrer et comprendre ceux qui nous ont précédé. Nous faisons alors un chemin, partant à la rencontre des racines de notre société, de notre pensée. Ainsi, lire un classique c'est se replacer dans l'histoire, c'est comprendre le passé pour mieux appréhender l'avenir et pour mieux accepter le présent. 

6- Souvent les livres classiques sont une source d'inspiration des auteurs contemporains. 

Par exemple, pour ce qui concerne la science-fiction, le précurseur de ce genre est Jules Verne. Ainsi, il est impossible pour les auteurs de ce genre de ne pas s'inspirer du "Voyage au centre de la terre" ou de "Vingt mille lieues sous les mers" ou encore du "Château des Carpathes". 

Rien de mieux pour élargir notre vision de la littérature que de se replonger dans les oeuvres de ces initiateurs. 

7- Les livres classiques sont souvent moins chers en format papier et gratuits en e-book.

En effet, de nombreux ouvrages sont tombés dans le domaine public du fait de leur ancienneté et sont donc moins chers ou gratuits en e-book. 

8- Chacun peut y trouver son bonheur.

On ne peut pas classer les classiques dans une catégorie unique. Il y a des classiques qui proviennent de genres différents, comme la romance avec Roméo et Juliette de Shakespeare ou encore Orgeuil et Préjugés de Jane Austen, de l'aventure, de la science-fiction ou des biographies. Les classiques offrent de quoi contenter chacun peu importent ses goûts et ses intérêts. 

9- L'impact des livres classiques sur l'histoire et les mentalités. 

Les livres ont fait l'histoire en partie. En effet, les livres deviennent parfois des classiques de par la puissance des mots et des idées qui sont fortement défendues dans certains romans. Par exemple, "Le dernier jour d'un condamné" de Victor Hugo est un appel à l'abolition de la peine de mort.

10- Pour les belles éditions. 

Pour les grands lecteurs, l'achat de classiques avec une belle couverture d'époque rendra votre bibliothèque éblouissante. Certaines éditions proposent des classiques dont l'aspect égale la beauté des mots qu'ils contient. 

Même si parfois ces éditions sont très chères, on peut toujours trouver des livres classiques d'occasion afin de leur donner ainsi une nouvelle vie.