mercredi 23 mars 2022

La dame blanche- Christian Bobin

"Il n'y a pas de plus grande joie que de connaitre quelqu'un qui voit le même monde que nous. C'est comme apprendre que l'on n'était pas fou. "Sur les sujets dont au fond nous ignorons tout, tous les deux nous croyons et doutons cent fois par heure, ce qui laisse à notre foi toute sa souplesse". Parler sans fin de ce qui se dérobe sans fin est une jouissance en regard de laquelle toutes les autres ne sont rien. Rencontrer quelqu'un, le rencontrer vraiment, et non simplement bavarder comme si personne ne devait mourir un jour est une chose infiniment rare. La substance inaltérable de l'amour est l'intelligence partagée de la vie. En perdant Wadsworth, Emily perd la moitié du ciel. Apprenant sa mort elle confie à des amis: "Il était mon berger". 


Auteur:
Christian Bobin

Genre: Roman

Edition: Folio 

Date de publication: 2007

Nombre de pages: 125

Synopsis: Ce roman est un roman biographique qui retrace la vie d'Emily Dickinson, l'une des plus grandes poétesses américaines du 19ème siècle. En effet, Christian Bobin capture l'essence de ce qui a fait qu'Emily était une grande poétesse. Il l'a dépeint comme étant une femme introvertie, une femme qui avait besoin de l'écriture pour vivre, une femme qui voyait le monde comme personne d'autre. 


Mon avis:

Ce roman est une hymne à Emily Dickinson. C'est une ode à son art. Pour moi, Emily Dickinson est un exemple à suivre. C'est une femme forte qui a crée de la beauté là où il n'y en avait pas. C'est une femme qui malgré le conservatisme de son époque et le rôle quasi inexistant qu'avait la femme en société, a su cultiver son art et le préserver de toute atteinte extérieure, de tout jugement, de tout préjugés. 

Ce roman retrace parfaitement bien la vie d'Emily Dickinson mais il ne fait pas que ça. Ce que j'ai particulièrement aimé dans ce livre c'est aussi le fait que Christian Bobin a décrypté Emily Dickinson. Il a essayé de comprendre à travers son passé et les événements qui se sont produits dans sa vie, qu'ils soient tragiques ou heureux, qui elle était. Il a pu la décrire comme étant la poésie en elle-même. On retrouve dans ce roman pleins de passages où Emily exprime ce qu'est la poésie pour elle, ce qu'elle ressent quand elle écrit et pourquoi elle écrit. 

"If I read a book and it makes my whole body so cold no fire can ever warm me, I know that is poetry. If I feel physically as if the top of my head were taken off, I know that is poetry. These are the only ways I know it". 

Ce qui fait que cette dernière est une des plus grandes écrivaines de son époque est qu'elle écrivait pour elle avant tout. Elle n'écrivaient pas pour les autres ou pour être reconnue, elle écrivaient parce qu'écrire la rendait vivante. Écrire lui faisait ressentir les choses qu'elles ne pouvait pas ressentir dans la réalité. Écrire était pour elle un remède à ses peines de coeur, à ses chagrins, à ses douleurs. Écrire était juste pour elle un moyen de rester en vie. 

J'ai beaucoup aimé ce roman qui m a aidé à mieux connaitre Emily Dickinson. Christian Bobin mentionne de nombreux détails intimes de la vie de celle-ci que ce soit des rencontres qu'elle a eu avec d'autres auteurs, des relations amoureuses secrètes. Il mentionne des choses qu'on ne pourrait pas connaitre sur sa vie et c'est ça que je trouve intéressant. 

Je conseille ce roman à tous les fans d'Emily Dickinson, à toutes les personnes qui souhaitent en lisant se livre rendre hommage à cette incroyable femme, à cette poétesse invisible mais spectaculaire, à cette écrivaine qui utilisait les mots comme un moyen de se libérer du poids de la vie. Pour elle, la poésie était une arme de vie pour combattre la vie. 

"La poésie peut être une affaire, l'apothéose de toutes lucidités, l'arrachement du bandeau que la vie met sur les yeux des vivants pour qu'ils n'aient pas trop peur à cet instant dernier qu'est chaque instant passant". 

"L'âme est le goût de l'absolu donc de la perte, la pelote de lumière lancée violemment contre le haut mur de la mort, et les rebonds qu'elle fait dans la pensée". 

"Le génie est une réponse à l'impossibilité de vivre, le bondissement du cerf au-dessus de la meute". 

"Écrire est une manière d'apaiser la fièvre du premier matin du monde, qui revient chaque jour". 

"Un poète, c'est joli quand un siècle a passé, que c'est mort dans la terre et vivant dans les textes". 

"La tyrannie du visible fait de nous des aveugles. L'éclat du verbe perce la nuit de monde". 

"Bien avant d'être une manière d'écrire, la poésie est une façon d'orienter sa vie, de la tourner vers le soleil levant de l'invisible". 

FUN FACTS: 

  • Ce roman est "un requiem pour une femme invisible".

  • Christian Bobin rend hommage à une femme qui s'est acharnée à rester inconnue quand d'autres se tuent à devenir célèbres. 




1 commentaire:

  1. Merci pour cette chronique ! Maintenant ce roman m'intrigue, j'ai bien envie d'en savoir plus sur elle !

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