dimanche 29 octobre 2023

Ce que le jour doit à la nuit- Yasmina Khadra

 "Celui qui passe à côté de la plus belle histoire de sa vie n'aura que l'âge de ses regrets et tous les soupirs du monde ne sauraient bercer son âme". 

Auteur: Yasmina Khadra 

Genre: Roman 

Edition: Pocket

Date de publication: 2008 

Nombre de pages: 470 

Synopsis: Ce livre raconte l'histoire de Younes Mahieddine, un jeune algérien né dans les années trente à Jenane Jato, un village très pauvre en Algérie. Cet enfant va grandir dans des conditions misérables, privé de toute perspective d'avenir et d'éducation jusqu'au jour où son père ne pouvant plus subvenir aux besoins de sa famille va ravaler sa fierté en le confiant à son frère, un pharmacien éduqué, cultivé et marié à une française. Désormais, Younes s'appelle "Jonas", installé à Rio Salado, il va grandir et apprendre comme tous les enfants des pieds noirs. Ce roman raconte non seulement le destin de Younes mais aussi celui de l'Algérie française qui après une longue guerre sanglante va acquérir son indépendance. 


Mon avis:

Avant de vous partager mon avis sur ce roman, je tiens à vous faire part de la raison pour laquelle je l'ai lu. En effet, j'ai voulu lire ce roman après avoir vu son adaptation cinématographique que j'ai trouvé non seulement incroyablement bien faite mais aussi extrêmement touchante et émouvante. 

Ce roman rassemble tout ce que j'aime. On retrouve un enchevêtrement de thèmes abordés, que ce soit la guerre, l'indépendance, le colonialisme, l'amour passionnel, l'amour interdit, la vieillesse, la jeunesse ou encore la nostalgie. 

Je trouve que le titre du livre, "Ce que le jour doit à la nuit" reflète parfaitement bien ce roman. En analysant de plus près le titre, on réalise que l'antithèse des termes "jour" et "nuit" constitue un parallélisme avec la guerre d'Algérie (1954 à 1962). Une Algérie divisée entre les pieds noirs et les Algériens pur souche à la recherche de leur indépendance et de leur liberté. 

De plus, pour moi, ce titre est porteur d'un autre paradoxe, celui du temps présent et des souvenirs. En effet, ce roman met en relief non seulement la brutalité et le réalisme des événements qui ont eu lieu en Algérie pendant la guerre mais aussi la nostalgie des souvenirs poignants de ces événements qui ne constituent plus le présent des personnes qui les ont vécu mais leur éternel passé. 

Ce qui m'a le plus marqué dans ce roman c'est le tiraillement constant qui ronge Younes/Jonas, un tiraillement d'appartenance. Ce dernier se demande constamment s'il appartient à l'Algérie des Algériens ou l'Algérie française. Né, Algérien pure souche, Younes va devenir Jonas, européen par la force des choses. Une nouvelle identité qui va certes lui ouvrir de nouveaux horizons et lui donner accès à de nouvelles opportunités mais qui va aussi lui faire perdre petit à petit son sentiment d'appartenance à sa culture natale, la culture algérienne. 

Toutefois, ce roman ne traite pas uniquement de la guerre et de la recherche d'une identité culturelle, il traite également d'une histoire d'amour pleine de promesses mais vouée à sa perte dès le départ. Ce que l'on retient de cette histoire d'amour c'est que le dévoilement des sentiments n'attend pas et que le temps qui passe finit par transformer les sentiments amoureux en sentiments de colère et d'amertume. 

Je conseille ce roman à toutes les personnes qui désirent en apprendre un peu plus sur l'histoire de la guerre d'Algérie et qui par la même occasion aiment les histoires d'amour impossibles et destructrices. 

FUN FACTS: 

  • Ce roman a été élu meilleur livre de l'année 2008 pour le magazine LIRE et a gagné le prix France Télévisions 2008. 

  • "Ce que le jour doit à la nuit" a été adapté au cinéma par Alexandre Arcady en 2012. 


lundi 9 octobre 2023

L'art du roman- Kundera

" Le roman, c'est le paradis imaginaire des individus. C'est le territoire où personne n'est possesseur de la vérité, ni Anna ni Karénine, mais où tous ont le droit d'être compris, et Anna et Karénine". 

Auteur: Kundera 

Genre: Essai 

Edition: Gallimard 

Date de publication: 1986

Nombre de pages: 200

Synopsis: Dans cet essai divisé en sept textes, Kundera confesse son amour inconditionnel pour l'écriture et expose également sa conception personnelle du roman européen. Ce dernier met en lumière non seulement sa propre vision de l'écrivain et du roman mais partage avec le lecteur les avis de ses inspirations littéraires comme Kafka, Broch, Rabelais, Cervantes,  Diderot, Flaubert ou encore Tolstoï. 



Mon avis:

Cet essai est très intéressant vu qu'il nous pousse à repenser l'écriture et le roman. En effet, cet essai est le fruit d'une longue introspection réalisée par Kundera sur lui-même et plus précisément sur sa vocation d'écrivain.  

" Le monde des théories n'est pas le mien. Ces réflexions sont celles d'un praticien. L'oeuvre de chaque romancier contient une vision implicite de l'histoire du roman, une idée de ce qu'est le roman. C'est cette idée de roman, inhérente à mes romans que j'ai fait parler". 

Ce que j'aime par-dessus tout avec Kundera c'est le fait que toutes les phrases qu'il prononce ou qu'il rédige sont sujette à de multiples interprétations. En effet, chaque lecteur peut interpréter une même phrase différemment, se l'approprier et y réfléchir librement. Kundera n'a jamais imposé une interprétation particulière de ces romans et n'a jamais souhaité guider le lecteur dans sa lecture, d'où la structure toujours un peu abstraite et décousue de ses chapitres. 

" Chaque roman dit au lecteur: les choses sont plus compliquées que tu ne le penses". 

Cet essai m'a permis d'élucider un peu plus le mystère qui se cache derrière les intitulés des oeuvres de Kundera. En effet, en lisant les explications de Kundera et les raisons pour lesquelles il a écrit chacun de ses romans, j'ai pu mieux comprendre certains aspects de ces romans qui m'étaient alors inconnus et inaccessibles. Ainsi, à travers cet essai, Kundera fait non seulement honneur à l'art de l'écriture mais aussi à l'écrivain artiste se servant de sa plume pour retirer le voile de l'ignorance sur des philosophies de vie. 

À la fin de ma lecture, ce que je retiens par-dessus tout c'est la vision de Kundera concernant la construction des personnages de ses romans. Pour lui, ce n'est pas l'histoire du personnage qui le rend vivant mais qui il est. Les personnages des romans de Kundera sont donc surtout des " possibilités" et des " explorateurs de l'existence". 

FUN FACTS: 

  • L'art du roman est un essai de Milan Kundera sur sa conception de l'écriture qu'il a tiré de sa propre expérience. 

  • Cet essai est le résultat d'entretiens avec Christian Salmon sur ses habitudes d'écrivain. 


Saison à Copenhague- Karen Blixen

" La tragédie poursuivit-il loin d'être la conséquence de la chute de l'homme est au contraire l'assurance qu'il a prise contre les conditions de vie mornes et sordides entraînées par sa chute. Projeté de la gloire céleste et de la joie dans la nécessité et la routine, l'homme dans un suprême effort a crée la tragédie". 


Auteur: Karen Blixen 

Genre: Roman 

Edition: Gallimard 

Date de publication: 1957

Nombre de pages: 144

Synopsis: Ce livre raconte l'histoire d'une bouleversante histoire d'amour au dénouement tragique entre Ib Angel et sa cousine Adelaide, véritable beauté de Copenhague. Cette histoire d'amour est encerclée par le cadre hivernal de Copenhague, véritable ville mondaine faisant l'objet d'innombrables réceptions et bals. 



Mon avis:

Avant de vous partager mon avis et mon ressenti lors de ma lecture, je tiens à préciser le fait que j'ai toujours été depuis mon plus jeune âge admirative et fascinée par les romans traitant du sujet de l'amour interdit et de l'amour impossible. De plus, suite à mon séjour à Copenhague cet été j'étais encore plus enthousiaste à l'idée de découvrir ce court roman qui malgré quelques déceptions m'a touché et captivé dans ses lignes. 

Je trouve que le titre du roman est assez accrocheur "Saison à Copenhague", mêlant à la fois l'espace temps et le lieu géographique. Pour moi, Karen Blixen a réussit à créer un cadre immersif dans son roman. Un cadre naturel, froid, mystérieux, inaccessible ponctué de temps à autre par des notes de tendresse. 

Ce qui m'a un peu déçu dans ce roman c'est sa longueur. En effet, je trouve que pour l'histoire racontée et le cadre choisit, le nombre de pages n'était malheureusement pas conséquent. Je trouve aussi que même si le côté tragique de l'histoire est bien montrée, il manquait quelques monologues à mon goût.  Ainsi, je trouve que le côté tragique du roman était beaucoup plus mis en valeur à travers les actions des personnages qu'à travers leurs paroles. 

Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce roman c'est la description des réceptions et des bals ayant lieu dans le décor pittoresque de Copenhague. Je salue également la plume de Karen Blixen qui a réussit à me transporter dans l'historie et à me faire croire à la sincérité des sentiments entre les personnages, des sentiments qui comme dans le Cid sont décrits en toute subtilité avec des actes et des paroles qui veulent souvent dire le contraire de ce qu'ils sont. 

FUN FACTS: 

  • Karen Blixen est également connue pour avoir écrit le livre " La ferme africaine" adapté plus tard au cinéma par Sydney Pollack.