samedi 29 avril 2023

A room of one's own- Virginia Woolf

 " Lock up your libraries if you like, but there is no gate, no lock, no bolt that you can set upon the freedom of my mind". 

Auteur: Virginia Woolf

Genre: Essai

Edition: Collector's library 

Date de publication: 1929

Nombre de pages: 150 

Synopsis: Cet essai met en avant le fait que les femmes à l'époque surtout celles du 18ème et 19ème siècle n'avaient pas le droit de prendre un chemin artistique. L'écriture ne leur était pas dédiée, elle leur était interdite. Woolf précise dans cet essai qu'il leur manquait une "chambre à elle" pour écrire ainsi que des moyens financiers. Ainsi, sans argent, les femmes n'avaient pas le droit d'exprimer leur art ni de le révéler au grand jour à moins d'utiliser des pseudonymes masculins. Elles étaient condamnées à faire taire leurs mots, leurs histoires et leur imagination. 


Mon avis:

Je trouve que cet essai est très intéressant et inspirant. En effet, Virginia Woolf a choisi dans cet essai de faire prendre conscience le lecteur surtout le lecteur masculin sur l'injustice qui régnait à l'époque autour de la place de la femme dans l'écriture. 

Woolf explique clairement et avec conviction la raison pour laquelle la femme ne pouvait pas se permettre d'écrire. Ainsi, non seulement elle n'avait pas le droit d'écrire parce que ce métier était consacré aux hommes mais aussi parce qu'elle n'en avait pas les moyens, elle n'avait pas une position financière stable qui lui permettait de se consacrer pleinement à cet art. Elle devait faute de moyens continuer à assurer la bonne gérance du foyer, de s'occuper des enfants et de cuisiner de bons plats. 

" A woman must have money and a room of her own if she is to write fiction". Pour écrire il lui fallait donc du temps, ce temps étant personnifié par "une chambre à elle", ce qui voulait dire, " une maison à elle", " une situation financière stable" et " un temps que pour elle" . 

Ce que j'ai beaucoup aimé dans cet essai c'est toute l'analyse que Woolf a faite autour des grandes autrices de l'époque. Elle cite notamment Jane Austen et les soeurs Brontë. Pour elle, ces autrices indétronables et intemporelles ont racontés des choses sans mêmes les avoir vécues ou expérimentées. en effet, ces dernières cloîtrées à longueur de journée dans leur petite chambre n'ont jamais eu l'occasion d'expérimenter la vie comme ont pu le faire les femmes après elles. Elles ont donc écrit grâce au pouvoir de leur imagination en enjolivant ce qui en réalité ne se passait pas comme tel. Pour Woolf, Jane Austen et les soeurs Brontë étaient des génies de l'écriture mais des génies ignorantes de la vraie vie et ignorantes de ce qu'elles écrivaient. Elles étaient donc étrangères à leur propre art. 

Enfin, ce qui m'a marqué dans cet essai c'est le fait que Woolf mette en relief le penchant des autrices de l l'époque à écrire avec colère plutôt qu'avec ressenti et maturité. En effet, Woolf explique que les autrices de l'époque étaient en colère face à leur situation, elles se sentaient incomprises et mises de côté. C'est pour cela que plusieurs d'entre elles écrivaient avec une hargne démesurée, avec une puissance inégalée. elle voulaient écrire par passion et par envie mais elles voulaient surtout sortir toute leur colère et l'exprimer à travers les mots. C'est ce que faisait Charlotte Brontë par exemple, " she will write in rage where she should write calmly. She will write foolishly where she should write wisely. She will write of herself where she should write of her characters. She is at war with her lot"

J'ai beaucoup aimé le fait que Woolf a choisi tout le long de cet essai de ne pas accabler l'homme. En effet, à aucun moment Woolf a rejeté la faute sur l'homme. Cet essai est dédié aux femmes et aux raisons pour lesquelles elles n'avaient pas leur place dans l'écriture. C'est une analyse de l'écrivain " femme" et non de l'écrivain "homme". Woolf a montré dans cet essai que l'écriture était quelque chose d'universel et de commun à tous les Hommes, "hommes" ou "femmes" et que c'était ça l'important. "For masterpieces are not single births, they are the outcome of many years of thinking in common, of thinking by the body of the people, so that the experience of the mass is behind the single voice"

FUN FACTS: 

  • "A room of one's own" est le fruit de l'injustice que ressentait Virginia Woolf d'être mise à l'écart de plein de domaines, notamment celui de l'écriture. 

  • Cet essai a été écrit pour les étudiants de Cambridge. 

  • Cet essai a été l'objet de nombreuses critiques notamment celles de femmes de couleurs qui trouvaient qu'elles n'étaient pas mentionnées dans cet essai et qu'il était discriminatoire à leur égard. 

  • Cet essai a été adapté de nombreuses fois au théâtre. 




Anne of Green Gables- Lucy Maud Montgomery

 " There's such a lot of different Annes in me. I sometimes think that is why I'm such a troublesome person. If I was just the one Anne it would be ever so much more comfortable, but then it wouldn't be half so interesting". 


Auteur: Lucy Maud Montgomery 

Genre: Roman 

Edition: Collectable Classics

Date de publication: 1908

Nombre de pages: 350 

Synopsis:  Ce roman raconte l'histoire d'une orpheline prénommée "Anne" et âgée d'à peine onze ans. Tout au long du roman le lecteur suit ses aventures en passant par le début: son adoption par Matthew et Marilla Cuthbert, à son adolescence construite autour d'amitiés naissantes, de déceptions, d'angoisses, de peines de coeur et d'une soif constante d'apprendre. L'amour de cette jeune fille pour les mots ne passe pas inaperçue et fait la renommée de ce roman qui est un véritable baume au coeur et qui arrive à nous accaparer pendant de longues heures pour plonger dans la vie de cette petite Anne dotée d'une personnalité étonnante, attachante et surprenante. 

Mon avis:

J'ai eu un véritable coup de coeur en lisant ce roman. Je connaissais déjà l'histoire de la petite Anne, ayant regarder la série "Anne with an E", mais je dois avouer que lire son histoire est d'autant plus marquant et frappant. 

J'ai toujours aimé lire ce genre de romans, des romans qui sont plutôt contemplatifs et descriptifs, des romans où les mots forment des phrases qui donnent à réfléchir, des phrases remplies de beauté et d'esthétisme mais je dois dire que ce roman avait quelque chose en plus.  Il avait de l'innocence. Une innocence enfantine qui a tout un charme. En effet,  Anne est le parfait exemple de la fille tirée d'un livre,  en employant de grands mots, de grandes expressions, de grands gestes, cette jeune fille a tout d'un personnage de roman.  Dotée d'une imagination débordante, d'un romantisme inégalable et d'une profondeur et d'une maturité étonnante pour son jeune âge, Anne nous permet l'espace de quelques heures de rêver, d'échapper à notre réalité et de replonger dans notre enfance, dans cette douceur enfantine qu'on croyait à jamais perdue dans nos souvenirs.  

Ce roman a fait ressurgir ma passion pour les mots. Cette passion qui touche plein de personnes mais surtout les "kindred spirit" comme le dirai Anne. Ce sont les personnes qui vivent pour le romantisme, pour la beauté et qui transforment la monotonie et le calme de la vie en joie et rêveries. 

J'ai trouvé que l'histoire était très bien menée. L'échelle temporelle est respectée et on ne retrouve aucun saut dans le temps incongrue.  Au contraire, ce livre est bien structuré et le lecteur suit toute l'adolescence d'Anne sans ressentir le poids des descriptions ou le manque de précisions sur des événements de sa vie. 

Ce qui m'a le plus marqué dans ce roman c'est la relation très particulière qui lie Anne à ses parents adoptifs, Matthew et Marilla. Ces derniers lui apportent de la non seulement de la sécurité, un cadre de vie, un foyer mais aussi l'autorité dont elle a besoin pour mieux grandir. En parallèle, Anne leur apporte ce qu'ils n'ont jamais reçu, de l'affection. Pour eux, même si Anne n'était pas l'enfant qu'ils recherchaient étant donné qu'ils avaient besoin d'un garçon pour les aider dans les champs, elle a su gagner leur coeur jour après jour avec sa personnalité hors du commun, sa fantaisie , son humour et son côté dramatique. 

Je conseille ce roman à toutes les personnes qui souhaitent l'espace de quelques heures faire une parenthèse de leur vie mouvementée afin de replonger dans leur enfance en suivant l'histoire d'Anne, cette jeune fille qui incarne la douceur enfantine. Une douceur que le lecteur croyait perdue à jamais dans ses souvenirs. 

FUN FACTS: 

  • Ce roman a été traduit en plus de 35 langues. 

  • Ce roman a été adapté au théâtre, dans des films et des séries notamment la dernière en date, "Anne with an E". 

  • "Anne of Green Gables" a été rejeté par tous les éditeurs, l'autrice a dû cacher son roman dans une boite à chaussure avant qu'il devienne un succès. 

  • Lucy Maud Montgomery signait ses romans "L.M Montgomery afin que les lecteurs ne puissent pas déterminer le sexe de l'auteur.  

samedi 1 avril 2023

Les liaisons dangereuses- Choderlos de Laclos

 " Mais que dis-je? Madame de Tourvel a-t-elle besoin d'illusion? Non, pour être adorable il lui suffit d'être elle-même. Vous lui reprochez de se mettre mal, je le crois bien: toute parure lui nuit, tout ce qui la cache la dépare. C'est dans l'abandon du négligé qu'elle est vraiment ravissante". 



Auteur: Choderlos de Laclos 

Genre: Roman épistolaire 

Edition: Le livre de Poche 

Date de publication: 1782

Nombre de pages: 513

Synopsis: Dans ce roman, Laclos a souhaité montrer la décadence des milieux aristocratiques libertins à la veille de la révolution française. Ce roman épistolaire met en relief les stratagèmes maléfiques mis en place par deux héros libertins, la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont. C'est à travers d'innombrables lettres que le lecteur devient témoin des aventures de ces deux personnages, anciennement amants se liguant ensemble afin de déshonorer le plus de femmes possibles, animés tous deux par une soif de vengeance. 

Mon avis:

Ce roman compte parmi mes romans préférés. Ma lecture de ce chef d'oeuvre du XVIII ème siècle ne m'a pas laissé indemne. C'est une fois de plus un roman qui m'a imprégnée et conquise de par la beauté de l'écriture et la délicatesse des mots qui enchainés les uns aux autres afin de former des phrases créent des émotions et dévoilent subtilement des événements marquants vécus par les personnages, des événements retranscrits sur papier d'une manière beaucoup plus romancée et idéaliste que la réalité. 

Ce qui m'a le plus marqué dans ce roman c'est sa subtilité. Laclos choisit de critiquer le libertinage démesuré de l'époque en subtilité.  Cette satyre passe entre les lignes, c'est au lecteur de trouver la critique et non pas à l'auteur de lui montrer le chemin. 

Je trouve que les romans épistolaires ont quelque chose d'unique et de singulier. Pour moi, il n'y a rien de plus beau que de recevoir ou d'écrire une lettre. Cet échange épistolaire est une création de pure beauté parce qu'elle favorise le dévoilement des âmes, l'entremêlement lointain des âmes soeurs et elle multiplient les émotions ressenties et arrivent à donner à la démesure un sens de la mesure. 

Les personnages choisis dans ce roman sont fascisants. Que ce soit la marquise de Merteuil qui est pour moi l'icône de la femme libertine hypocrite de l'époque ou le Vicomte de Valmont qui incarne le machisme masculin en étant un prédateur affirmé prêt à faire tomber toutes ses proies au plus bas ou encore Cécile de Volanges, victime des manigances des deux personnages principaux, victime de sa propre naïveté et de son ignorance.  

Pour moi, la marquise de Merteuil sort du lot et donne à ce roman toute la gloire qu'il mérite. C'est une femme forte, qui s'assume et qui sait très bien manipuler les coeurs mais également les esprits. Elle sait  où se trouve son intérêt et comment gagner la confiance d'autrui. Pour moi, la lettre qu'elle dédie au Vicomte de Valmont est indétrônable et montre en quelques lignes la puissance féminine et l'orgueil que peut ressentir une femme blessée.

De plus, ce roman épistolaire est passionnant étant donné les nombreux thèmes qu'il aborde. Que ce soit le thème du libertinage qui est au coeur de tous les sujets. Le libertin se caractérisant par une conception militaire des relations humaines. En effet, les deux héros de ce roman voient l'amour comme un champ de bataille et sont prêts à déclarer la guerre à leurs ennemis mais aussi entre eux. Laclos dans ce roman fait la satyre du libertinage dans le sens où il veut rendre service aux moeurs en dévoilant les moyens qu'employaient ceux qui en ont de mauvaises pour corrompre ceux qui en ont de bonnes. 

Ensuite, on retrouve le thème de l'amour. Pour Laclos, l'amour se déclenche de deux façons différentes. Il peut être provoqué par la beauté des visages, la beauté esthétique qui subjugue d'un premier abord et qui est un véritable instrument de pouvoir sur les hommes mais elle peut aussi naitre de l'intelligence et de la manipulation. Ainsi, un homme peut être séduit non pas seulement par la beauté physique mais aussi par la beauté intellectuelle, l'intelligence d'une femme qui sait comment obtenir ce qu'elle veut quand elle le veut et qui affirme sa domination sur les hommes. 

Enfin, le sujet des femmes est primordial dans ce roman. La condition et l'éducation des femmes du XVIII ème siècle est au coeur de ce roman. En effet, Laclos montre combien l'ignorance et la naïveté dans laquelle sont maintenues les jeunes femmes de l'époque font d'elles des proies idéales pour les hommes. Laclos dépeint aussi parfaitement bien le tableau de la femme libertine et hypocrite qui fait sa propre éducation en étudiant les non dits d'une société hypocrite. 

Il est évident qu'à travers ce roman épistolaire, Laclos souhaite avant tout harmoniser la situation des hommes et des femmes dans la société du XVIII ème siècle en rendant à la femme de l'époque toute la gloire, la reconnaissance et la grandeur qu'elle mérite. 

C'est la variété des points de vue des personnages qui fait aussi la richesse de ce roman. En effet, les personnages mis en relief étant tous différents les uns des autres, chacun a sa propre manière d'écrire et sa perception du monde à retranscrire sur papiers. Cécile écrit dans un style enfantin alors que Madame de Tourvel écrit dans un style pieux, la Marquise de Merteuil écrit dans un style soutenu et cynique et le Vicomte de Valmont écrit dans un style très romancé voire même démesuré par moment. En effet, ce que l'on retient de ce grand roman c'est que la langue libertine est une langue de la duplicité. C'est la langue où chaque mot a un double sens, un sens caché et enfoui entre les lignes. 

FUN FACTS: 

  • Lors de sa parution en 1782, "Les liaisons dangereuses" devient un succès immédiat tout en étant l'objet de grands scandales. 

  • La meilleure adaptation cinématographique de ce roman est celle de 1988 par Stephen Frears.