vendredi 9 juin 2023

Un fils- Guy de Maupassant

 " Il estimait qu'une personne ne peut être agréable à voir encore que lorsqu'on la connait peu, lorsqu'il reste en elle du mystère, de l'inexploré, lorsqu'elle demeure un peu inquiétante et voilée". 


Auteur:
Guy de Maupassant

Genre: Recueil de nouvelles 

Edition: Le livre de Poche 

Date de publication: 1882

Nombre de pages: 117

Synopsis: Ce livre renferme plusieurs nouvelles, toutes tournant autour d'une thématique commune, celle de "l'enfant abandonné". En effet, ces nouvelles ont en commun le fait qu'un enfant non voulu va être abandonné dès sa naissance. Chacune de ces nouvelles met en relief le peu de considération que portaient les parents pauvres pour leurs enfants ainsi que les erreurs commises par les femmes de l'époque, très vite amoureuse et prêtes à tout par amour. 

Mon avis:

J'ai trouvé que ce recueil de nouvelles était très enrichissant à lire. Au fur et à mesure des histoires racontées, j'ai pu observer et réaliser à quel point le manque d'éducation et la misère poussait les gens à agir de façon totalement insensée et égoïste. Il est évident que Maupassant cherche dans ce recueil de nouvelles à nous montrer l'importance de l' "enfant" et c'est en décrivant et en narrant des histoires épouvantables mettant en scène des enfants que le lecteur peut se rendre compte des atrocités dont sa nature est capable. 

Je trouve très intéressant le fait que Maupassant ait choisi de raconter des nouvelles atroces. Des nouvelles qui réussissent à perturber le lecteur qui se trouve une fois la lecture terminée dans l'incompréhension la plus totale face à des comportements odieux et inadmissibles de parents indignes. 

J'apprécie beaucoup le style d'écriture de Maupassant. Je trouve qu'il a une manière très subtile et simple de raconter et de dénoncer les choses. Son engagement est implicite et c'est ce qui fait sa force. En rendant invisible cet engagement à la première lecture, Maupassant pousse le lecteur à se questionner et à comprendre au fur et à mesure de la nouvelle l'intérêt qu'elle renferme ainsi que sa raison d'être. 

Je trouve que ce recueil de nouvelles fait du bien au lecteur, le réveille sur pas mal d'aspects de sa vie quotidienne et sur son rôle de parent. Maupassant montre la difficulté à éduquer des enfants ainsi que les nombreux sacrifices que la venue au monde d'un nouvel être engendre. 

FUN FACTS: 

  • Flaubert était le mentor et le précepteur de Maupassant. Il lui a apprit comment manier l'art de l'écriture à la perfection et il revoyait ses écrits. Il a même affirmé que " c'est mon disciple et je l'aime comme un fils". 
  • Maupassant a écrit de nombreux romans et nouvelles sous différents pseudonymes de 1881 à 1885 comme " Joseph Prutnier", 'GUY de Valmont" et "Maufrigneuse". 
  • Maupassant détestait la Tour Eiffel.
  • Le 2 Janvier 1892, Maupassant a essayé de se suicider en tranchant sa gorge. Cependant, il n'est pas mort sur le coup et a intégré l'asile psychiatrique Esprit Blanche à Passy, à Paris.

mardi 6 juin 2023

L'innocence, une source d'inspiration chez les autrices du 19ème siècle

Comme le disait si bien Virginia Woolf dans son essai "a room of one's own", " we must accept the fact that all those good novels, Villette, Emma, Wuthering heights, Midllemarch, were written by women without more experience of life than could enter the house of a respectable clergymen, written too in the common sitting room of that respectable house and by women so poor that they could not afford to buy more that a few quires of paper at a time upon which to write". 

Ce sont les mots de cette grande autrice qui m'ont interpellé et qui m'ont poussé à écrire cet article quelque peu original. 

J'ai décidé de me pencher l'espace de quelques lignes sur un sujet intriguant, "la méconnaissance et l'ignorance de certaines autrices du 19 ème siècle de la réalité". 

En effet, que ce soit Jane Austen, les soeurs Brontë, Louisa May Alcott ou même Emily Dickinson, ces dernières ont toutes en commun une sorte de " douce candeur" qui se caractérisait en une méconnaissance et en une ignorance de la réalité qui les entourait. Une ignorance du monde qui les entourait et de certaines émotions, sentiments et ressentis. 

Ces dernières ne vivaient qu'à travers la vie des autres, elles s'inspiraient des histoires qu'elles entendaient le soir dans la salle commune de leur modeste demeure, des gestes et des comportements de leurs invités, des ragots et des histoires racontées pour créer leur art et décrire ce qu'elles n'ont jamais vécu ou eu l'occasion de vivre. En effet, quel exemple plus flagrant que celui de Jane Austen, connue principalement pour ses romans relatant des histoires d'amour menant toutes à un mariage qu'il soit heureux ou malheureux, elle qui est en fin de compte une éternelle célibataire. 

" All the literary training that a woman had in the observation early Nineteenth century was training in the observation of character, in the analysis of emotion, their sensibility had been educated for centuries by the influences of the common sitting room. people's feelings were impressed on her, personnel relations were always before her eyes. Therefore, when the middle class woman took to writing, she naturally wrote novels". 



L'innocence de ces autrices était donc une réelle source d'inspiration pour elles et constituait un charme particulier. Une femme littéraire de cette époque était condamnée à éternellement imaginer la réalité qu'elle aurait pu vivre. Une réalité dont bénéficiait tous les hommes de son entourage que ce soit son mari, son frère ou son père. Ces femmes là étaient poétiques dans leur intériorité puisqu'elles ne pouvaient pas l'être dans leur vie. 

Ces dernières ont pu bâtir au fur et à mesure de leur vie, leur propre vision de la réalité en s'inspirant de ce qu'elles connaissaient déjà tout en rajoutant des éléments créés de toute pièce par leur imagination débordante. Une imagination qui ne pouvait déborder que sur du papier mais aucunement dans leur vie quotidienne. 


Pour ces femmes là, la réalité et le rêve ne formaient qu'un. Les deux ressortant de leur pure imagination. 

A travers l'écriture, ces femmes pouvaient enfin ressentir ce qu'elles n'avaient jamais ressenti, elles pouvaient imaginer toutes les possibilités de leurs vies passées et créer des sentiments qu'elles auraient aimé éprouver. 

Ainsi, ces femmes ne vivant qu'à travers les hommes de leur vie étaient totalement privées d'autonomie et étaient coupées du monde ne pouvant s'abriter que dans leur paysage intérieur où soufflait sans cesse l'air de leurs envies, de leurs désirs inavouables et de leurs vies imaginées de toutes pièces. 


On dit souvent que les plus belles paroles sont celles qui sont dites avec les yeux. Pour moi, les plus belles histoires sont celles qui sont racontées par les yeux d'une femme enfant qui a tant à apprendre.